Wednesday, January 17, 2018

Towards Smarter Activism: Working Together Without Even Knowing it.

The question of how to work towards positive social change is not easily answered. There is no silver bullet and one size does not fit all. Local contexts vary as do the people and the issues they face within those contexts. The fact that there will be a multiplicity of efforts is obvious. What is not obvious is how those efforts work together and leverage each other — or don't. Clearly the possibility of success will depend on how well these efforts coordinate with each other — intentionally, of course, but implicitly as well because direct communication is often impossible. But how does that happen?

Explicit and Implicit Coordination

The idea of integrating various tools and systems is central to our vision of collective intelligence for the common good (CI4CG) / civic intelligence. One core idea involves developing a framework of coordination that would encourage planned and unplanned cooperation among people who may or may not be working together directly. The latest incarnation of this work is developing a broad cognitive map of civic intelligence which was initiated at our workshop at the Community and Technology 2015 conference in Troyes, France. Ideally this map will be used for characterizing, comparing, and cultivating CI4CG efforts. One of our main chores is helping to uncover and encourage synergy and to help nudge "individual" projects into broader, more integrated and mutually supporting hyper-projects.

The following list of various "sharables" provides a fairly extensive list of ways to coordinate and support this mutual work:

  • shared themes or challenge focus (not necessarily determined via specific grant programs);
  • shared methodology, vocabulary, models;
  • shared aspirations, goals, manifestos;
  • shared codes of ethics;
  • shared plans;
  • data interchange, APIs, taxonomy, ontology;
  • shared projects;
  • shared research agendas;
  • shared project members;
  • shared awareness;
  • shared communicative venues (structured and unstructured; virtual, in-person, and hybrid);
  • shared commitments;
  • shared online repositories, portals, test-beds;
  • shared services; and
  • shared knowledge of community roles.

We expect to pursue a variety of activities including events such as workshops at appropriate venues and more collaborative research and action projects. We will expand and publicize projects and opportunities and lobby for more. Generally we will help with connections — tools, venues, framework, methodologies.

These steps include developing and improving our community / network, pursuing and refining our research agenda, carrying out various experiments, documenting our work and ensuring ready access to the results, understanding challenges and opportunities, cultivating fruitful community partnerships, and generally construing this enterprise as an ongoing and perpetual project. Because the enterprise is so broad a continuing learning cycle based on the enterprise as a whole — its effectiveness, reach, and influence — should be embedded in our processes in what could be called collaborative meta-cognition.

This work includes products such as deliberative systems, research enterprises and case studies, think tanks, model policy documents, curricula, ruminations and epistles, thought experiments, art works, and many others. While this work continues to promote rigorous research, it consciously seeks to integrate and build upon other perspectives. We hope to transcend the constraints of many dominant habits, institutions, and norms, especially when their strict obedience compels us to work in ways that are likely to be ineffective in addressing the common good of the planet and its inhabitants.

We hope that by modeling the world we’d like to see we can obtain insights that would be difficult to acquire through other means. Beyond conducting research and developing tools, services, policy, and the like, we are hoping to build the circumstances that help promote this work and the orientation in the world. To these ends we are especially eager to work with the people worldwide who share this vision and with those who are already conducting this critical work.

Intelligence collective, intelligence civique et langage par patterns

Dans mon quotidien et ma vie professionnelle, je m’appuie sur l’intelligence collective, l’intelligence civique et le langage par patterns. Ces approches représentent une opportunité importante de pouvoir nous aider à nous sortir d’un bourbier que nous avons créé. Bien qu’il m’ait fallu du temps pour les identifier et les utiliser, ces concepts m’ont bien rendu service : ils m’ont aidé à nourrir et former ma façon d’enseigner avec une perspective et une méthode que je pense utiles, riches et responsabilisantes. Ils m’ont aidé à donner un sens au monde qui m’entoure et d’en apercevoir les améliorations possibles.

Mon hypothèse de travail est que l’un des problèmes les plus importants que nous rencontrons est notre incapacité à résoudre des problèmes importants. Nos outils ne semblent pas adaptés à cette tâche. Nous n’avons pas les bons paradigmes, les bonnes théories ou le bon vocabulaire pour réfléchir à ce problème de manière globale. Nous n’avons pas les facultés adéquates pour reconnaitre collectivement les problèmes, les comprendre et nous mobiliser pour les contourner. C’est la question que j’ai choisi de cibler : Que ferions-nous pour développer l’intelligence civique dont nous avons besoin dans notre vie au XXIème siècle ? 
Cibler cette question a permis de déboucher vers d’autres questions, d’autres chemins et d’autres opportunités. Elles nous mènent vers une interprétation qui n’aurait pas été révélée sans ce focus.

Intelligence collective

Pour comprendre l’intelligence collective et civique, il semble judicieux de définir l’intelligence en général : « un processus intégré qui permet à un agent, dans un environnement qu’il perçoit, d’agir de manière appropriée à l’accomplissement de ces objectifs. En particulier, dans des zones qui présentent un enjeu concret ou une opportunité ». 
J’utilise cette définition de l’intelligence car elle nous permet de voir ce phénomène de manière scientifique. Elle met également en avant l’idée que l’intelligence est un procédé dynamique et flexible (ou plutôt, un ensemble de procédés), et non un simple phénomène existant, ou une caractéristique qui se résume par une simple valeur numérique. L’intelligence collective (parfois appelé intelligence distribuée) met en lumière le fait que des personnes au sein d’un groupe emploient et exposent leurs intelligences. Après tout, comme Roy Pea (1993) le souligne « Chaque personne ayant observé de près les pratiques de la cognition reste bloquée face au fait que l’esprit ne fonctionne pas tout seul. Les intelligences révélées à travers ces pratiques sont distribuées par les esprits, les personnes et des environnements (symboliques et physiques) naturels et artificiels ».

Un simple exemple : je travaillais chez Boeing, une entreprise qui dessine et fabrique des avions (entre autres choses). L’entreprise détermine à intervalles réguliers, qu’il faut réfléchir au prochain avion. Un petit groupe de personnes va alors dessiner un concept d’avion qui n’existe pas encore ; réfléchir à combien de kilomètres il peut parcourir sans refaire le plein de carburant, quels types d’économies de carburant, combien de sièges, etc. Ainsi, quelques années plus tard, un de ces avions vole concrètement et le cycle continue. Cet accomplissement sous-entend une série de process impliquant des dizaines de milliers de personnes. Cet ensemble appréhende son environnement, mobilise ses ressources, coordonne ses activités avec succès et apprend un volume important d’informations. Clairement il se comporte comme un agent intelligent. Un groupe d’individus non coordonnés ne pourrait pas réussir à concevoir et fabriquer un avion moderne. Et lorsqu’on parle d’intelligence individuelle, en réalité il est pratiquement impossible de parler « d’intelligence » personnelle (qui n’est pas mesurable par un test de QI) comme une intelligence séparée de celle d’autres individus.

Des circonstances complexes nous obligent à penser plus sérieusement à notre intelligence collective. Il y a deux raisons primaires à cela : la première, c’est parce que l’intelligence collective définit la réalité sociale dans laquelle nous vivons. La seconde, c’est parce que nous en dépendons totalement. L’intelligence collective est une nécessité pour notre survie. Mais pas n’importe quel type d’intelligence collective.

L’intelligence civique

L’intelligence civique peut être vue comme un type d’intelligence collective mais les deux ne sont pas identiques. L’intelligence civique décrit ce qui se passe lorsque les gens travaillent ensemble pour traiter un problème significatif et partagé de manière équitable et efficace. Il ne s’agit pas de résoudre un puzzle ayant une solution définie. Nous utilisons le terme « équitable » car c’est ce le terme approprié pour cette forme d’intelligence. C’est un non-sens de considérer l’intelligence comme un exercice déconnecté, purement « rationnel », qui a lieu en l’absence de valeurs, de justice, de respect et de tout autre critère inhérents à la civilisation humaine. L’intelligence civique diffère également de l’intelligence collective par sa volonté essentielle d’action. L’intelligence civique soulève une question critique : Est-ce que notre société est suffisamment intelligente pour affronter les enjeux auxquels elle fait face ?

L’intelligence civique décrit comment des groupes de personne arrivent à des fins civiques grâce à des moyens civiques. C’est donc une perspective indispensable pour notre progrès social et environnemental. Il est également important de noter que l’intelligence civique prend différentes formes à différentes échelles. Elle peut exister à un niveau mondial (le climat discuté à Paris en 2015 par exemple) et exister à l’intérieur de groupes, de communautés, de nations et même à l’échelle d’un individu. L’intelligence civique nécessite apprentissage et enseignement. Dans mes recherches à Evergreen, les étudiants travaillent ensemble pour utiliser et promouvoir l’intelligence civique à travers des projets liés au « monde réel ». Il semblerait que la pratiquer est l’une des meilleures manières pour apprendre en la matière.

Si l’intelligence civique est ce dont nous avons besoin, pourquoi ne l’affrontons-nous pas directement et explicitement ? Curieusement beaucoup de recherches sur l’intelligence collective nous empêchent d’en avoir conscience ou en organisent le phénomène. En d’autres termes, des abeilles, des fourmis, et même des moules visqueuses, peuvent démontrer une intelligence collective alors que les êtres humains, qui sont capables de refléter leur pensée (métacognition) et même de les changer s’ils le veulent, y apportent peu de considération.

Le langage par patterns

L’intelligence est le produit de la coadaptation dans l’environnement dans lequel elle existe. Plus l’agent observe un grand nombre de facteurs dans son environnement, plus l’intelligence doit être complexe. En d’autres termes, l’intelligence et l’ensemble des process qui la régissent, reflètent dans une large mesure l’environnement dans laquelle elle existe. Les patterns d’un langage sont créés pour attester de la complexité du monde dans lequel nous vivons en fournissant des composants appréhendables de notre « réalité » collective. Les caractéristiques de cet environnement sont ce qui nous importe. Les patterns peuvent nous aider à avoir une meilleure manière de penser et d’agir sans perdre de vue l’environnement qui le borde. Par conséquent, ils peuvent être perçus comme des outils pour faire avancer l’intelligence.

Mais qu’est-ce un langage par patterns ? C’est un concept qui fut introduit dans les années 1970, à travers un livre révolutionnaire sur l’architecture appelé « A Pattern Language » (Alexander et al, 1977). Le livre inclus 253 patterns qui pourraient aider les gens à construire des chambres, des maisons, des immeubles et des villes qui seraient plus belles et plus axées sur la vie. Chaque pattern décrit une relation entre les gens et l’architecture et aiderait à résoudre un problème qui résulterait de cet environnement. L’idée était de fournir des patterns que les gens pourraient utiliser pour jouer un rôle fort dans le design de l’environnement physique dans lequel ils vivent. Qu’est-ce qu’un pattern ? En général, un pattern est quelque chose qui se répète. Nous pensons généralement au pattern visuel. Le genre précis de patterns auxquels Alexander se réfère est une généralisation de moyens par lesquels les gens ont historiquement abordé un problème. Un pattern peut être imaginé comme des graines pour la réflexion. Cela ne vous dit pas comment penser ou faire, mais cela vous aide ainsi que les personnes avec lesquelles vous travaillez à identifier les opportunités utiles. Un pattern contient une description d’une situation donnée qui a besoin d’évoluer. Alexander l’exprime de la manière suivante : « Chaque pattern décrit à la fois un problème qui se répète encore et encore dans notre environnement et à la fois le cœur de sa solution. Ainsi, vous pouvez utiliser cette solution un million de fois, sans jamais que ce soit deux fois la même chose ».

Un langage par patterns est simplement une collection organisée de patterns. Ils travaillent ensemble afin de fournir un large éventail d’idées que les gens peuvent utiliser (et ont déjà utilisés) pour résoudre leurs problèmes. C’est un cadre qui permet d’intégrer des idées hétérogènes mais interdépendantes.

Capture d’écran du site Public Sphere Project.
 Exemple de patterns choisis et mis en liens pour répondre à une problématique donnée.

Je promeus et j’utilise le langage par patterns car il est utile pour représenter la complexité des enjeux que nous rencontrons et il nous aide à appréhender les actions à mettre en place.
Les patterns sont pensés pour fournir un langage commun et être applicables dans les diagnostics et les prescriptions.

En travaillant avec 85 contributeurs, nous avons développés Liberating Voices, A Pattern Language for Communication Revolution qui contient 136 patterns tel que « les voix inaudibles », « le voyage des activistes », « le cadre stratégique ».

Pattern 123 : Théâtre illégitime. 
Photographie du groupe punk-rock Pussy Riot, protestataire et féministe russe

Ils fournissent des idées pour s’émanciper du courant dominant qui supporte les inégalités et les dégradations environnementales. Ce travail s’est cristallisé dans un livre (Schuller 2008) où l’information et la communication sont utilisées à des fins positives. Idéalement, les gens et les groupes peuvent utiliser ces patterns pour transformer leurs idées ou aspirations en action afin de produire un changement social positif. L’espoir est que ces modèles puissent armer les gens pour les aider à créer un futur qui soit inclusif, sain, respectueux et plus équitable.

Pour aller plus loin

Les problèmes que nous affrontons sont incroyablement complexes et interconnectés. On ne peut pas espérer qu’ils disparaissent sans un travail intense et une imagination collective sans limite.
Adhérer à l’intelligence civique en tant que perspective peut aider à motiver et informer sur une nouvelle façon de résoudre les problèmes et ce, de façon collaborative. Cette approche ne résout bien évidemment pas tous les problèmes mais elle peut nous permettre de développer une nouvelle recherche collaborative et des projets d’action. En particulier pour s’émanciper des limites qui bordent notre quête pour une vie meilleure.

* Tous les patterns présents dans Liberating Voices sont disponibles en ligne dans une version courte, en anglais, sur le site Public Sphere Project (http://www.publicsphereproject.org)et 42 des patterns en francais. Ces patterns existent également en cartes physiques afin d’être utilisés en face à face durant des ateliers. Sur un autre plan, quelques années après la publication du livre, mes étudiants et moi avons développés un ensemble de 40 anti-patterns. Cette exploration du « côté obscur » nous a aidé à mieux comprendre comment fonctionnent les forces oppressives avec des objectifs négatifs (Schuler and Wagaman 2013). Ceci s’est ironiquement révélé une expérience positive pour nous tous.

References

Alexander, C. (1977). A Pattern Language: towns, buildings, construction. New York: Oxford University Press.
Alexander, C. (1979). The timeless way of building. New York: Oxford University Press.
Pea, R. D. (1993). Practices of distributed intelligence and designs for education. Distributed cognitions: Psychological and educational considerations, 11.
Schuler, D. (2001). Cultivating Society's Civic Intelligence: Patterns for a New "World Brain", Journal of Society, Information and Communication, Vol 4 No. 2
Schuler, D. (2008). Liberating Voices: A Pattern Language for Communication Revolution. MIT Press. Schuler, D., and Wagaman, J. The Surprising Power, Vitality, and Potentiality of Examining the “Dark Side:" 
The Collaborative Production of the Restraining Voices Anti-Pattern Language in an Educational Setting. In Fall 2013 International PUARL Conference: Generative Processes, Patterns and the Urban Challenge. Neis H. (ed.). PUARL Press, Portland, OR, 2013.

Douglas Schuler est professeur à l’université Evergreen State College, ancien Président de « Computer Professionals for Social Responsibility (CPSR) », et membre fondateur du Seattle Community Network (SCN). Il est également corédacteur de plusieurs livres, dont « Shaping the Network Society: The New Role of Civic Society in Cyberspace » (MIT Press, 2004) et auteur de “New Community Networks: Wired for Change ». Ceci est la préface d’un livre écrit dans le cadre d’un groupe de travail à l’université nationale autonome de Mexico (UNAM), intitulé « Seminario Visiones sobre las Mediaciones Tecnológicas de la Educación ».